Le Grand Rendez-vous. Les quatre étapes :
Auroville, Bangalore, Calcutta, New Delhi avec Mr Olabiyi Babalola Joseph Yai , Délégué permanent du Bénin auprès de l’UNESCO, ancien Président du Conseil exécutif de l’UNESCO.
Redonnez ces bois, reprenez ces villes – Rabindrânâth Tagore
« C’est dans son école, sur le sol rocailleux latéritique de Santiniketan, qu’il créa le Briksha Ropan, un festival de plantation d’arbres, et instaura la Fête des labours (Halakarsan) durant laquelle on célébrait la cérémonie du premier coup de charrue.
Ces fêtes, associées à la pratique introduite à Santiniketan de dispenser l’enseignement sous les arbres, dans les bras de la nature, les pieds des élèves touchant le sol, leur tête sous le ciel, et à un programme d’éducation sensorielle, avaient pour but d’inculquer le respect pour l’omniprésence de la nature. Il exprima son anxiété dans ses poèmes lorsqu’il écrivit :
Redonnez ces bois, reprenez ces villes. »
« La nécessité de repenser la représentation de l’espèce humaine, ses activités et sa place dans un environnement naturel, dont il n’est qu’une partie intégrante, fait aujourd’hui l’objet d’une prise de conscience croissante et d’un débat international.
Par leur engagement humaniste, Tagore, Neruda et Césaire, longtemps avant que la question écologique et environnementale n’acquière la gravité qu’elle prend actuellement, ont appréhendé l’impératif d’accorder l’épanouissement matériel et collectif de l’espèce humaine avec la nature.
Leurs visions pionnières nous rappellent que le respect et l’amour de l’homme pour la nature ont longtemps uni les sagesses des civilisations occidentales et non occidentales qu’il s’agisse de l’hindouisme, du vitalisme africain ou de la tradition amérindienne, de l’infiniment grand du cosmos à l’infiniment petit de la goutte d’eau ou de la feuille.
Confrontés, il est vrai, par leurs terres natales respectives à l’imminence apocalyptique du séisme, c’est de leur lecture de l’histoire et de leur immersion dans les forces de l’esprit que vient, sans doute, leur regard d’anticipation sur les cataclysmes que l’homme provoque, quand il prétend dominer et défier les rythmes et les phénomènes naturels par des dérives économiques, technologiques et scientifiques, ainsi que leurs interrogations sur la fracture creusée par les excès du développement industriel entre les hommes et l’environnement.
La mobilisation écologique actuelle est consécutive aux dysfonctionnements environnementaux qui sévissent à l’échelle planétaire. Sites naturels assassinés, écosystèmes contaminés, pollutions chimiques, déforestations et dévastations ont généré maintes catastrophes de plus en plus fréquentes qui sont bien des conséquences de l’erreur humaine. Face aux résultats modestes des décisions politiques, au cynisme du marché, des controverses dénoncent la prise de conscience comme un nouveau dogme qui alimenterait les sources de nouveaux profits, les rivalités scientifiques ou les surenchères politiciennes. »
Extrait de la publication Tagore, Neruda et Césaire « Pour un universel réconcilié ».